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Sensibilisation à l’environnement : la biodiversité au CERN

Se promener sur le domaine du CERN à la découverte de sa flore et sa faune variées

Flora inventory May 2022
Un orchis bouc (Himantoglossum Hircinum) et un papillon Demi-deuil (Melanargia galathea) sur le site de Prévessin. (Image: CERN)

De bon matin, vous marchez jusqu’à votre bureau. Le soleil brille et vous contemplez les espaces verts en chemin. Que voyez-vous ? Serait-ce ici du thym sauvage ? et là, de l’oseille ? Me voici devant un superbe orchis pyramidal ! Vous n’êtes pas sans savoir que le CERN est réparti sur plusieurs sites. Mais saviez-vous que cela représente 625 hectares, dont 415 en non-bâti ? Ces terrains abritent une grande variété d’espèces et d’écosystèmes, y compris des espèces d’orchidées sauvages en danger.

Au fil du temps, le Laboratoire a mis en œuvre différentes mesures visant à favoriser la biodiversité sur ses terrains. Son approche repose ainsi sur un entretien minimaliste, consistant à peu arroser et à utiliser le moins d’engrais et de produits chimiques possible. Le CERN a adopté la fauche tardive et fait appel à des moutons pour tondre les pelouses, ce qui permet de respecter l’intégralité des cycles biologiques de la flore. Outre ses sites clôturés, le CERN possède 136 hectares de forêts, principalement situés le long du trajet en surface de l’accélérateur SPS. Ces forêts sont majoritairement en France et sont gérées conjointement par le CERN et l’Office National des Forêts (ONF). Afin de recourir à un minimum d’interventions mécaniques, de respecter davantage la terre et de réduire les dommages infligés aux sols forestiers, on fait appel au débardage avec chevaux pour évacuer les arbres abattus, une mesure de gestion des forêts appliquée régulièrement depuis 2012.

En 2020, l’Organisation a créé un groupe de travail sur la biodiversité dont les quatre principaux objectifs sont de conserver et de protéger les espaces naturels sur le domaine du CERN, de développer la biodiversité dans les zones clôturées et non clôturées, d’intégrer la protection de la biodiversité à tout nouveau projet de développement sur le domaine, et de définir des indicateurs de surveillance de la biodiversité au CERN. Le plan d’action proposé pour 2021–2025 prévoit plusieurs mesures devant être approuvées, lesquelles sont financées et mises en œuvre par le Comité directeur pour la protection de l’environnement du CERN (CEPS). Deux mesures ont déjà été lancées.

La première consiste à rédiger des lignes directrices en matière de biodiversité à prendre en compte dans le cadre de nouveaux projets de construction au CERN. Ces 11 lignes directrices visent à amener le CERN à se conformer aux réglementations française et suisse sur la protection de la biodiversité. Elles traitent de divers sujets, telles que les nouvelles plantations, les espèces invasives, les toits végétalisés et la compensation des arbres abattus. On peut notamment citer la plantation récente de 200 arbres sur le site de Meyrin en l’espace de trois ans, pour compenser les arbres abattus en raison de leur vieillissement et des travaux de construction. Cette mesure est conforme au Plan directeur 2040 du CERN (« CERN Masterplan 2040 »), publié fin 2021, qui adopte les principes et les normes visant à favoriser la biodiversité dans le cadre du développement du domaine. Des mesures spécifiques ont été élaborées, non seulement pour préserver le patrimoine naturel du CERN, mais aussi pour renforcer la biodiversité sur les terres gérées par le Laboratoire.

La seconde mesure mise en œuvre implique des relevés des diverses espèces qui composent la faune et la flore du domaine du CERN. Grâce à ces relevés essentiels à la surveillance des populations, le CERN est en mesure de repérer des zones d’intérêt biologique et d’évaluer leur importance, mais aussi de mettre en place des mesures de protection concrètes. Sur la base des recommandations des experts, les inventaires porteront en particulier sur la flore, les amphibiens, les insectes et les oiseaux. Les premiers relevés ont été lancés. L’inventaire des amphibiens a permis d’identifier deux espèces de grenouilles ainsi que deux espèces protégées de tritons. Un premier inventaire floristique a permis l’identification d’une nouvelle espèce d’orchidée sur le domaine du CERN, l’orchis brûlé. Enfin, l’inventaire des oiseaux est en cours.

Le groupe de travail sur la biodiversité du CERN poursuivra ses recherches sur d’autres thèmes, notamment la pollution lumineuse, qui peut avoir des répercussions négatives sur la faune nocturne, et les îlots de chaleur urbains (site en anglais). Ce phénomène se manifeste dans des zones hautement artificialisées et dénuées d’espaces verts. Grâce à la plantation d’arbres et de végétation supplémentaires sur le domaine du CERN, il pourra être atténué. En effet, le béton et l’asphalte absorbent la chaleur, tandis que la végétation rafraichît l’air et stabilise la température.

L’Organisation s’engage également à améliorer la biodiversité en aval de ses activités. Le CERN a cosigné en 2020 une charte, impulsée par WWF Genève, pour la revitalisation du Nant d’Avril, le deuxième plus grand affluent du Rhône dans le bassin genevois. En plus d’améliorer la qualité de l’eau du Nant d’Avril, ce projet, qui sera mené jusqu’en 2033, permettra d’enrichir la biodiversité sur l’ensemble du bassin versant. Les actions prévues favoriseront la recolonisation par certaines espèces, comme la truite commune, la salamandre tachetée et la couleuvre à collier.

La prochaine fois que vous vous promènerez sur le domaine du CERN, éveillez vos sens et prêtez attention aux nombreuses espèces qui vous entourent. D’ici là, découvrez la biodiversité du CERN dans cette courte vidéo.

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Cet article fait partie de la série « L’année du CERN pour la sensibilisation à l’environnement ».