Le nombre annuel de cas de cancer devrait augmenter de plus de 40 % d'ici 2040, et la grande majorité des décès associés devraient survenir dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Plus de 15 000 accélérateurs linéaires d'électrons (linacs) dans le monde entier servent à traiter les tumeurs à l'aide de faisceaux de rayons X, mais une partie seulement des patients des pays à revenu faible ou intermédiaire qui bénéficieraient d'un traitement par radiothérapie y ont en fait accès. Dans les pays d’Afrique, par exemple, on compte environ un appareil de radiothérapie pour 3,5 millions de personnes, contre un pour 80 000 à 100 000 personnes aux États-Unis et dans de nombreux pays européens. Les pays à revenu faible ou intermédiaire doivent également faire face à d’autres difficultés, telles que le vieillissement des appareils, les retards dans l’obtention des pièces détachées, les fréquentes coupures de courant, qui ont une incidence sur la durée de vie des équipements, et le manque de personnel dûment formé et qualifié pour faire fonctionner et entretenir les linacs ; en outre, ces pays continuent à utiliser des appareils de radiothérapie externe au cobalt 60.
Le projet STELLA (Smart Technologies to Extend Lives with Linear Accelerators) vise à changer le système des soins contre le cancer à l’échelle mondiale. Lancé en 2016, lors d’un atelier au CERN, par l'International Cancer Expert Corps (ICEC), en collaboration avec le Conseil des équipements scientifiques et technologiques (Science and Technology Facilities Council) du Royaume-Uni, des universités britanniques et des partenaires en Afrique, le projet a pour objectif de concevoir et de prototyper un système de traitement par radiothérapie adapté aux environnements difficiles, mais aussi à modifier sensiblement la façon dont l'industrie répond aux besoins des personnes atteintes de cancer dans le monde entier. Le développement de logiciels intégrés capables de prévoir avec précision les erreurs, de rationnaliser la maintenance et de guider les médecins sont au coeur de cet effort ; parallèlement, une approche innovante de la formation et de la maintenance vise à renforcer les compétences au niveau local et à réduire les temps d'arrêt des installations de radiothérapie.
« Si le linac est l’élément central de STELLA, les systèmes d'imagerie et l'analyse des données aux fins de diagnostic, ainsi que l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et de l'apprentissage automatique pour planifier le traitement sont les aspects de la radiothérapie qui évoluent le plus rapidement, explique Steinar Stapnes, responsable au CERN des études de conception pour le système de radiothérapie STELLA. Le CERN est compétent dans tous ces domaines, notamment lorsqu’il s’agit d’intégrer des systèmes d’accélérateur et de détecteur reposant sur des solutions matérielles et logicielles ouvertes et dotés d'interfaces propres, et permettant ainsi d’effectuer la maintenance et d’incorporer les futures améliorations. »
Du 29 au 30 mai 2024, des membres de l’alliance pluridisciplinaire STELLA se sont réunis au CERN pour lancer la phase suivante du projet. Grâce à un financement de 1,75 MUSD accordé à l'ICEC par le département de l’Énergie des États-Unis, le CERN et l'ICEC ont pu signer un accord pour la réalisation d'une étude de « pré-conception » d’une durée de 18 mois, en collaboration avec les universités britanniques d'Oxford, de Cambridge et de Lancaster et un réseau de 28 pays à revenu faible ou intermédiaire. L'objectif est de développer suffisamment les spécifications d'un appareil de radiothérapie pour permettre à la collaboration d’entamer des discussions avec des partenaires industriels, des fondations, des organisations non gouvernementales et des gouvernements désireux d'investir dans des solutions moins coûteuses et plus solides.
« Renforcé par un accord signé récemment entre le CERN et l'ICEC et par le financement du département de l’Énergie des États-Unis, le projet STELLA continue de progresser avec dynamisme et détermination, explique Manjit Dosanjh, responsable du projet pour l’ICEC et professeure invitée à l’Université d’Oxford. Le projet STELLA est une occasion formidable pour le CERN et la communauté de la physique des particules de démontrer qu’ils peuvent, grâce à leur ingéniosité, leurs compétences et leur savoir-faire, contribuer à résoudre des problèmes de santé mondiaux. »
Pour plus d’informations :
https://www.iceccancer.org/innovative-radiotherapy-technologies/
https://cerncourier.com/a/linacs-to-narrow-radiotherapy-gap/
https://cerncourier.com/how-to-democratise-radiation-therapy/
https://cerncourier.com/a/developing-medical-linacs-for-challenging-regions/