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Le CERN félicite le CNAO pour un traitement par protons d’une pathologie cardiaque

Un synchrotron servant au traitement du cancer, conçu avec l’aide du CERN, a été utilisé pour le traitement d’une arythmie ventriculaire

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Treatment room of the CNAO hadrontherapy centre
Salle de traitement du centre d'hadronthérapie CNAO à Pavie, en Italie (Image: CNAO)

Le centre national d’hadronthérapie oncologique (Centro Nazionale di Adroterapia Oncologica - CNAO) de Pavie a fait la une en janvier lorsqu'un patient atteint d’arythmie ventriculaire a été traité à l'aide d’un faisceau de protons - une première mondiale. L’arythmie ventriculaire est une anomalie du rythme cardiaque pouvant empêcher le sang oxygéné de circuler dans l’organisme. En l'espèce, le patient était fréquemment victime d'arrêts cardiaques.

Les centres d’hadronthérapie tels que le CNAO traitent généralement des patients atteints de cancer avec des faisceaux de protons, car ceux-ci ont la particularité de libérer leur énergie très précisément dans la région tumorale sans endommager les tissus sains environnants. Pour ce patient cardiaque, qui n’avait pas réagi aux traitements pharmacologiques ou traditionnels, les médecins ont décidé de bombarder la partie du cœur responsable des battements irréguliers avec un faisceau de protons. La procédure a été un succès et le patient, âgé de 73 ans, se rétablit bien.

La collaboration entre le CERN et le CNAO est ancienne ; elle remonte à la phase de conception du centre. Sous l’impulsion d’Ugo Amaldi, le CERN a participé dès le début des années 1990 à l'étude d'un équipement médical proton-ion (Proton-Ion Medical Machine Study - PIMMS). L'idée était de réunir des compétences et de développer des synergies afin d'optimiser la conception d'un synchrotron qui serait utilisé pour le traitement du cancer. L'étude PIMMS a été publiée et, après quelques améliorations apportées par la fondation TERA d’Ugo Amaldi, elle a évolué pour aboutir à l’accélérateur du CNAO, avec des contributions décisives de l’INFN. Le centre MedAustron de Wiener Neustadt (Autriche) a ensuite été construit sur le modèle du CNAO. Le CERN poursuit sa collaboration avec le CNAO et le MedAustron en partageant son expertise dans le domaine des accélérateurs et de la technologie des aimants.

Le CNAO fait partie des six centres au monde proposant des thérapies hadroniques avec des protons et des ions carbone. Depuis son ouverture en 2011, plus de 2 700 patients atteints de cancer ont été traités. Peut-être s’agit-il ici simplement des débuts de l’application de l’hadronthérapie à des domaines autres que l’oncologie. Une fois de plus, cela illustre parfaitement la façon dont les outils mis au point par les physiciens des particules pour atteindre leurs objectifs scientifiques peuvent avoir des applications bénéfiques, parfois même insoupçonnées, bien au-delà du CERN et d’autres laboratoires de recherche fondamentale.

Alors que le CNAO continue d’étendre son champ d'action thérapeutique, avec notamment un nouveau système de protonthérapie spécifique, et que le CERN lance son programme NIMMS (Next Ion Medical Machine Study) pour le développement de technologies de thérapie par les ions, on peut s’attendre à de nombreuses synergies et collaborations dans les années à venir.